Boullier s’amuse du ’chocolat-gate’ et écarte toute démission

La polémique tend l’ambiance

Par Alexandre C.

22 juin 2018 - 18:10
Boullier s'amuse du 'chocolat-

Le « chocolat-gate » continue de faire parler chez McLaren. Un témoignage anonyme d’un employé de l’écurie, a décrit les conditions de travail délétères et l’ambiance toxique qui régneraient à Woking. Pour seule récompense de multiples heures supplémentaires, les salariés ne se verraient offrir que des barres chocolatées à 30 centimes…

Présent en conférence de presse ce vendredi au Paul Ricard, Eric Boullier, le directeur de la compétition de McLaren, et directement visé par ce témoignage accablant, a bien sûr été au centre des attentions.

« C’est bien sûr une affaire interne » a commenté le Français. « Donc nous devons mener des discussions pour voir ce qu’il se passe en interne et pourquoi cet individu n’est pas satisfait. Quand vous savez que nous avons 800 employés… bien sûr nous recevons beaucoup de marques de soutien de la part de nos employés et de nos ingénieurs. Ce sont juste quelques personnes qui râlent. En fait, d’une certaine manière, c’est peut-être bon pour nous parce que nous aurons aussi beaucoup de retours positifs, et de bons retours [de la part de personnes démentant ces informations]. »

En tant que directeur de la compétition de McLaren, Eric Boullier est directement responsable des performances de la monoplace orange cette saison. Va-t-il tirer les conséquences d’une saison décevante en démissionnant ? Reconnait-il ses torts ?

« C’est une bonne question. Bien sûr, nous sommes tous responsables de la performance de la voiture. Non, je ne vais pas démissionner, pour répondre à cette question. Je sais qu’on écrit des articles à mon propos. C’est ma 20e année dans la course auto, j’ai gagné des courses et des championnats avec chaque équipe que j’ai dirigée jusqu’à aujourd’hui, y compris en F1, donc vous ne pouvez pas m’enlever ces réussites. Nous sommes dans un processus. Nous ne sommes pas là où nous voulons être, nous n’en sommes pas heureux. »

« Mais c’est un processus, et avec notre nouveau partenaire Renault, nous avons bien sûr un bon groupe d’employés, il faut juste de s’assurer de trouver les problèmes qu’il y a sur la voiture… Quand vous construisez une voiture, quand vous croyez dans un concept, vous devez développer ce concept et s’assurer de le corriger. »

Boullier ne se sent-il pas personnellement visé par ces critiques ? Serait-il un ‘intouchable’, comme cet employé anonyme l’assurait ?

« A ce niveau de responsabilité nous travaillons bien sûr pour l’entreprise, nous tous, nous nous assurons tous de prendre nos responsabilités. Il y a quelques articles au sujet de ce chocolat gate, c’était un peu amusant à lire, et de nouveau, c’était bien, parce qu’en fait, nous recevons plein d’emails d’employés qui nous disent que c’est une plaisanterie. Donc il y a peut-être seulement quelques personnes qui râlent un peu, c’est peut-être un problème de communication. Je ne connais pas le problème de ces personnes et je pense que nous les avons invitées à aller nous voir pour essayer de comprendre quels sont leurs problèmes… Plutôt que de ne pas en parler entre nous… »

Pour ce qui est des chocolats « Freddo », symboles de cette affaire, Boullier assure qu’il n’est « pas vrai » que McLaren ait pu en distribuer.

Un journaliste décide alors d’insister : c’est que les barres chocolatées Freddo sont aussi très énergétiques !

« Merci, merci, si vous avez suivi des cours de management, nous pourrions organiser une telle chose pour vous faire plaisir » tacle alors Eric Boullier.

Le journaliste insiste une nouvelle fois, et Eric Boullier lui coupe alors la parole…

« Assez, ça suffit. Vous recherchez quelque chose, nous vous répondrons plus tard, mais je pense que ça suffit. »

« Oui, je m’attends toujours à être en poste à Silverstone. C’est un processus. Ce n’est pas l’histoire d’un jour. Il faut aussi travailler. Et vous en avez après moi apparemment… »

Si l’on voit le verre à moitié plein, rappelons-nous que McLaren jouait la 9e place l’an dernier au classement des constructeurs, et que l’écurie est actuellement 5e. La 5e place, est-ce la véritable place de McLaren en 2018 ?

« C’est vrai que l’an dernier, à la même époque, nous n’avions aucun point du tout, donc bien sûr, nous nous battons actuellement avec Renault pour la 5e place au classement des constructeurs. Nous souhaiterions être plutôt tranquillement 4e, ce qui était l’un des objectifs que nous nous étions fixés. La voiture cette année ne fonctionne de toute évidence pas exactement comme nous l’aurions souhaité, mais nous utilisons toujours la situation actuelle comme une sorte de laboratoire, comme ce matin en EL1, par exemple. Car nous avons alors testé beaucoup de nouvelles pièces sur la voiture. »

« Nous voulons apprendre de cette voiture autant que possible, aussi bien que gagner de l’expérience avec Renault, parce que c’est un nouveau motoriste pour nous. Nous devons apprendre certaines choses. Nous n’avons pas encore exploré toutes les solutions techniques. »

« Quand j’ai rejoint McLaren il y avait bien sûr déjà des personnes en place et bien sûr, vous devez construire une organisation, en laquelle vous croyez, et je pense que durant l’ère Honda, nous n’avions certainement pas prévu d’être là où nous sommes. Sans marquer de point, avec des problèmes de fiabilité… il fallait faire avec. Donc il faut gérer un peu l’entreprise de manière différente, puisque nous sommes une écurie championne du monde. Vous ne voulez bien sûr pas perdre vos employés. »

« Mais maintenant avec Renault nous pouvons au moins nous battre pour la Q3, marquer des points. Ce n’est pas là où nous voulons être. Mais nous découvrons toujours certaines choses, comme lors de la dernière course avec l’abandon de Fernando Alonso au niveau des échappements. De nouveau, nous apprenons encore des choses avec Renault et nos nouveaux partenaires. »

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