Carey : La F1 est taillée pour le marché américain

Il faut juste se décider à la développer

Par Emmanuel Touzot

19 octobre 2017 - 16:55
Carey : La F1 est taillée pour le (...)

La Formule 1 est passée sous contrôle américain depuis cet hiver puisqu’elle a été rachetée par Liberty Media. Bien qu’elle garde une identité mondiale, elle est désormais tournée vers ses fans et ses propriétaires veulent en faire un spectacle, comme le sport l’est tout le temps aux Etats-Unis.

Bien qu’elle ait eu du mal à s’installer outre-Atlantique, la F1 a pris une place importante avec l’arrivée du Grand Prix des Etats-Unis au Texas et le fait d’avoir des propriétaires américains aide aussi a ce qu’elle s’y développe sur un marché ou le sport-spectacle prédomine, entre furie de la Nascar et popularité de la NFL et de la NBA.

"Ce sport est tout simplement un spectacle incroyable" argumente Chase Carey au sujet de la F1. "Il n’y a probablement aucun pays qui a réussi aussi bien que les Etats-Unis à transformer les événements sportifs en spectacle. Qu’il s’agisse de combats de boxe à Vegas, d’un combat d’UFC au Madison Square Garden ou de l’All-Star Game en NBA, les Etats-Unis ont probablement permis de faire des spectacles centrés sur le sport".

"Sous beaucoup d’aspects, la F1 est le parfait sport-spectacle. Elle a des stars, du glamour et une part mystique qui l’entoure, en plus de la puissance et de la vitesse. Je pense qu’elle est taillée pour le marché américain, nous n’avons juste rien fait pour essayer de la développer".

Chase Carey pense que la F1 a rencontré des difficultés à se promouvoir car Bernie Ecclestone estimait qu’il devait signer des contrats et laisser aux promoteurs le soin de promouvoir leur événement. Désormais, tout le monde travaille ensemble à la mise en avant des courses.

"Je pense que notre sport, et je ne critique pas le passé, s’est toujours tourné vers une vision à court terme plutôt qu’à long terme qui ne donnait pas aux partenaires la possibilité de grandir. Il s’agissait de passer un accord en une journée et c’était tout. Je pense que si vous développez votre sport dans une région qui n’a aucun lien avec, il faut avoir un soutien et il ne se constitue pas seulement avec un accord".

"Vous ne pouvez pas aller à Detroit ou Phoenix pour une course et penser seulement à votre événement. Il faut s’impliquer dans le marché et voir les choses à long terme. Les Etats-Unis ne sont pas prévus pour deux ou trois ans, nous voyons cette opportunité sur cinq ans, comme on le ferait en Chine".

"Il faut pouvoir aider les partenaires locaux à développer l’image du sport. Avant, nous signions le contrat et nous leur laissions gérer l’organisation, et je pense qu’il faut avoir les ressources et l’expertise pour aider nos partenaires à comprendre comment développer notre sport avec son vrai potentiel".

La promotion de la F1 passe également par un rapprochement avec ses fans, dont elle a perdu une partie au fil du temps et à cause du passage de la discipline sur les chaînes payantes qui ont fatalement entamé sa base de spectateurs.

A l’heure du numérique et des réseaux sociaux, Liberty Media a compris qu’il était temps de s’y pencher et a déjà commencé à proposer du contenu plus important, notamment au travers de vidéos beaucoup plus nombreuses mises en ligne sur les plateformes sociales.

"Nous avons commencé à proposer plus de numérique. On voit d’ailleurs que plus on est actifs dans le numérique, plus les gens s’impliquent aux Etats-Unis, c’est très encourageant. Cela nous dit qu’il y a un intérêt à cela. On fait plus de choses en ligne pour que les gens se sentent plus proches de notre sport. L’idée principale est d’impliquer les gens et de les impliquer de différentes manières".

"Nous n’avons pas développé les capacités permettant aux fans d’être connectés à ce qui les intéresse et les passionne le plus dans ce sport. Il s’agit d’avoir un vrai marketing, de faire encore plus briller nos stars, de raconter des histoires sur notre sport et l’Histoire de notre sport pour que les gens s’y impliquent".

Le patron de Liberty Media ne crie pas victoire et reconnaît qu’il faudra doser une approche qui ne sacrifie pas la quintessence de la F1 au profit des nouvelles technologies : "Il faut être réaliste, nous ne serons pas la NFL dans les dix prochaines années, mais il y a un énorme marché non exploré et je pense que ce serait génial pour nous d’avoir une grande série d’événements".

"Si nous en ajoutons un, il faut s’assurer que ce développement se fait de manière disciplinée et réfléchie. Mais je pense que nous chercherions à profiter de ces réussites pour aider notre sport à paraître plus important, meilleur, plus intéressant, plus connecté et plus impliqué".

"Nous sommes dans un monde qui offre beaucoup de choix, nous avons beaucoup de possibilités et avec des événements très importants où la F1 est mise en valeur, nous pourrons en tirer beaucoup de positif. Il va falloir prendre avantage de cette situation et faire de notre sport tout ce qu’il peut et doit être".

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