Ecclestone : Je voudrais changer beaucoup de choses

"Nous sommes une entreprise de divertissement"

Par Franck Drui

25 mai 2015 - 12:20
Ecclestone : Je voudrais changer (...)

Ce dimanche, à l’occasion de l’émission Formula One de Canal +, était diffusée une interview exclusive entre le consultant de la chaîne, Jean Alesi, et Bernie Ecclestone. L’occasion d’évoquer plusieurs sujets dont le manque de charisme des pilotes de Formule 1 et du sport en général...

Jean ALESI : Monsieur Ecclestone, merci beaucoup pour votre accueil…

Bernie ECCLESTONE : Depuis combien de temps est-ce que tu me connais ?

Jean ALESI : Je pense que ça fait 40 ans…

Bernie ECCLESTONE : Alors, c’est quoi cet absurde « Monsieur Ecclestone » ?

Jean ALESI : Je sais, je sais… OK, « Bernie » ! Je voudrais savoir comment vous avez commencé votre vie en F1…

Bernie ECCLESTONE : Ça a commencé en 1971 quand j’ai acheté Brabham avec Max (Mosley) et les gens de cette époque. Nous parlions de faire certaines choses et là les équipes m’ont demandé de m’occuper de certains dossiers commerciaux. C’est ce que j’ai fait.

Jean ALESI : Après toutes ces décennies en F1, vous avez connu un âge d’or ? Je me souviens d’une célèbre photo de vous, sur le mur des stands, avec Nelson Piquet, Ayrton Senna, Alain Prost et Nigel Mansell. Vous aviez l’air si heureux au milieu de ces pilotes…

Bernie ECCLESTONE : Le monde a changé, tout a changé. Tu as changé.

Jean ALESI : Un peu…

Bernie ECCLESTONE : J’ai changé. Les choses ont changé et les pilotes aujourd’hui ne sont pas… [il s’interrompt] Il faut que je sois prudent dans mes propos… Ils ne sont pas les personnages que nous avions avant. Le seul - et je suis très très content de lui -, c’est Lewis (Hamilton). C’est un personnage.

Jean ALESI : Vous parlez aux pilotes ?

Bernie ECCLESTONE : Je viens de discuter avec Nico Rosberg cette après-midi. C’est difficile pour eux de s’exprimer, comme toi tu le faisais, quoi que tu penses, sans te soucier de qui tu fâchais. C’était bien, au moins on savait ce que tu pensais ! Je pense qu’on a commencé à reculer avec Michael (Schumacher). Parce que Michael ne voulait pas donner d’interview, il enregistrait quelque chose. Je ne lui reproche rien, parce que personne ne se soucie de poser de bonnes questions. C’est toujours les mêmes banalités, c’est fatigant. Il savait ce que les gens voulaient et enregistrait ses réponses sur un disque.

Jean ALESI : Je pense qu’en ce moment, les équipes font beaucoup d’erreurs et les règles ne sont pas excitantes. Ils vous écoutent ?

Bernie ECCLESTONE : Au début, ce n’était pas une démocratie. Je parlais avec Enzo Ferrari ou Colin Chapman, des gens comme ça. Nous nous mettions d’accord sur quelque chose et nous le faisions. Maintenant, c’est très démocratique avec Jean Todt. Il veut que tout le monde soit content. Et avec des compétiteurs, ce n’est pas possible que tout le monde soit content. Vous pouvez comprendre que Mercedes ne veuille rien changer. Si j’étais propriétaire de cette équipe, je ne voudrais rien changer. Il faut dire : « voilà les règles ». Si vous voulez participer, bien, sinon, vous partez. Peu importe qui, au revoir !

Jean ALESI : Mais voudriez-vous changer des choses aujourd’hui ?

Bernie ECCLESTONE : Je voudrais changer beaucoup de choses. Notre but, ce n’est vraiment pas que des ingénieurs tirent un avantage technique de la F1. Nous sommes une entreprise de divertissement. On doit divertir les gens.

Jean ALESI : Bernie, la F1 existe parce que tu l’as créée de cette façon… Est-ce que les équipes en sont reconnaissantes ?

Bernie ECCLESTONE : Je n’en sais rien, vraiment. Je fais ce que je fais parce que c’est mon travail. Je fais de mon mieux !

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