Hembery dénonce de nouveau les coûts de la Formule 1

Il aimerait qu’elle soit plus accessible

Par Emmanuel Touzot

18 août 2017 - 16:05
Hembery dénonce de nouveau les (...)

Paul Hembery était directeur de la branche Formule 1 de Pirelli jusqu’à l’an dernier, avant de céder à la proposition faite par son employeur et de rejoindre la direction de la partie sud-Américaine de la marque. Néanmoins, le Britannique continue de suivre de près la catégorie reine des sports mécaniques.

Pour lui, les coûts élevés de la F1 sont prohibitifs à l’arrivée de nouveaux constructeurs ou de nouvelles équipes. Le fait que les grands constructeurs allemands aient choisi la Formule E est selon lui un signe très clair, et les résultats de Haas en rapport avec les moyens de la jeune équipe en sont un autre.

"Nous avons besoin de courses palpitantes, de luttes et de dépassements, puisque c’est le domaine des pilotes" explique Hembery. "C’est le pilote qui doit être la star, pas la voiture. Il faut ensuite décider si la F1 est une catégorie pour des équipes ou des constructeurs. Si nous voulons que les constructeurs s’y engagent, ils doivent être compétitifs ou du moins, paraître qu’ils le sont. Ils ne doivent pas avoir peur du ridicule et des dégâts que ça causerait à leur marque. C’est le cas de deux motoristes qui ont des problèmes, et ce n’est pas bon".

"Soyons honnêtes : quelles sont les deux disciplines qui attirent les constructeurs ? La Formule E et les catégories GT. La F1 a besoin d’un équilibre de performance, cela existe en GT et ça fonctionne. On peut discuter le format de cet équilibre mais si la F1 n’a pas d’importance pour les constructeurs, il faut réduire ses coûts. L’argent nécessaire pour faire tourner deux monoplaces en rond est difficilement justifiable, cela est dommageable pour le sport".

Selon lui, les fans s’identifient plus à la F1 qu’à la Formule E mais pour les constructeurs, cette dernière est plus pertinente au moment de se tourner vers l’avenir et de réfléchir aux solutions de demain.

"Les constructeurs veulent une plateforme pour leur développement futur et c’est pour cela qu’ils vont vers la Formule E. La question est de savoir si elle attirera un grand public. Lorsqu’on bâtit un programme en sport auto, il faut décider si l’on veut une vitrine ou un sport populaire qui offre de belles courses. La F1 est populaire et n’oublions pas que sa technologie est plus pertinente qu’en Formule E".

"Regardez les chiffres des ventes de voitures électriques face aux voitures classiques avec des moteurs hybrides. Je pense que la technologie hybride sera sur nos routes pour les 20 prochaines années car l’électrification ne sera pas la même dans tous les pays. Il faudrait aussi mieux informer le public qui est souvent négatif avec la F1. Dès 2009, nous avons eu le KERS sur la voiture et hors de ce sport, peu de gens le savaient, la F1 est en avance sur son époque".

Ayant quitté la F1 juste avant le départ de Bernie Ecclestone, Paul hembery n’a pas eu l’occasion de rencontrer les nouveaux dirigeants de la Formule 1, ni de travailler avec eux au développement futur de la discipline. Néanmoins, il ne sous-estime pas leur travail, tout autant qu’il reconnaît l’ampleur de la tâche qui les attend.

"Ils font beaucoup de choses différemment et essaient de mieux impliquer le public en la rendant plus attractive à la télé. La F1 avait besoin de ça mais Liberty n’est pas là depuis longtemps et leur tâche est énorme. Ils doivent gérer le futur règlement, les organisateurs, les sponsors et les nouvelles plateformes numériques".

"Il faudra du temps pour qu’ils sachent s’ils vont dans la bonne direction. C’est pour cela que les constructeurs hésitent encore. Ils veulent savoir à quoi ressemblera la Formule 1 en 2021 et je vous le dis, on nous a donné la possibilité de changer les choses, il faut désormais s’assurer qu’on les change dans la bonne direction" conclut-il.

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