Que fera Haas si Ferrari se retire de la F1 ?

Un partenariat technique en question

Par Alexandre C.

21 mars 2018 - 16:23
Que fera Haas si Ferrari se retire (...)

Haas est encore une jeune écurie en Formule 1, mais aura-t-elle bientôt à revoir sa stratégie de croissance à moyen terme ? En effet, si les budgets plafonnés sont mis en place en 2021, toutes les écuries auront à sabrer dans leurs effectifs.

Günther Steiner explique ainsi que Haas a adopté une gestion prudente dans la gestion de ses effectifs. Pour autant, il pense que cette incertitude sur les budgets pourrait affecter davantage les structures moins modestes.

« Cette situation ne concerne pas seulement Haas, mais aussi d’autres équipes. Je ne voudrais proposer moi-même la voie que devrait emprunter la F1, mais il faut nous faire savoir quel sera ce chemin, afin que nous puissions établir des plans pour l’avenir. 2020 n’est pas très loin. Nous commencerons à travailler sur la voiture 2019 dans deux mois. Nous aurons quatorze mois devant nous avant de commencer à construire la voiture de 2020. Donc j’espère que nous en saurons plus bientôt. Au moins pour que nous puissions établir des plans pour trouver comment gérer au mieux notre business. »

« Pour autant je pense que les écuries les plus grandes sont davantage affectées par cette incertitude, parce que les plus petites équipes n’ont pas autant de changements à faire. Parce que si des budgets plafonnés sont mis en place, dans le cas d’une petite équipe, il y aura moins d’ajustements à faire pour ne pas dépasser le budget plafond, puisque nous n’en serons pas loin. Si vous devez passer d’un gros budget à un petit budget, alors il y a beaucoup de travail à faire. Je pense que les grandes écuries ne veulent pas d’un budget plafonné de toute façon. »

« Si la FIA décide de mettre en place un budget plafonné, nous pourrons y arriver demain – dans une certaine mesure, bien sûr. Si le budget est plafonné à 50 millions, nous ne pourrons y arriver en un jour. S’il est entre 50 et 200 millions, nous sommes prêts, nous sommes au rendez-vous. »

Steiner veut-il fixer une deadline à Liberty Media pour connaître leur décision sur les budgets plafonnés ?

« Si c’est demain, c’est fantastique. Mais ça ne sera pas demain. Plus ce sera tôt, mieux ce sera. »

Günther Steiner prévient cependant Liberty Media : il y aura un point de non-retour à la patience de Haas et pour d’autres écuries…

« Oui, parce que je ne sais pas ce qui est en prévision. Je ne peux vous donner une date limite, mais il y en aura une. Si nous conservons les mêmes budgets, la date limite peut être dévoilée tardivement. Je dirais que nous sommes dans l’attente. A un moment il faudra décider ce que nous allons faire de notre écurie, mais ce sera notre décision. Cela n’a rien à voir avec celle de Liberty Media. »

Dans le cadre de la renégociation des accords Concorde, les manufacturiers et les grandes écuries comme Red Bull ou McLaren semblent pour le moment au premier plan. Günther Steiner se sent-il trop à l’écart ?

« Je ne dirais pas que nous sommes dans l’ombre. Beaucoup d’équipes ont clarifié leur position. C’est maintenant à Liberty Media de négocier des contrats avec les gens qui ont des idées différentes. Je pense que les écuries du milieu de grille sont toutes d’accord pour dire que oui, ce que propose Liberty Media est convenable. Nous n’avons pas besoin de négocier. C’est plus à Liberty Media et à la FIA de décider quoi faire avec les grandes écuries. »

Steiner partage en effet des revendications similaires à celles de Liberty Media : rendre les courses plus imprévisibles en réduisant les écarts sur la grille, de budget puis de performance.

« Rapprocher les performances dans le peloton, cela peut être accompli avec le budget plafonné je pense. C’est l’un des moyens pour y arriver. C’est au sommet de la liste. Ce n’est pas dans l’agenda de Haas. C’est un agenda pour le sport selon moi : rapprocher les performances en milieu de grille peut rendre les courses excitantes pour les fans. C’est toujours sympathique quand le podium est incertain avant une course. Nous avons connu une domination totale de Mercedes pendant longtemps. Ensuite, l’an dernier, nous avons eu une lutte pour le titre entre Ferrari et Mercedes, ce qui était déjà bien, mais l’écart avec les autres était juste trop important. »

Le directeur de Haas plaide évidemment pour sa paroisse : si les plans de Liberty Media sont mis à exécution, Haas pourra rêver d’un podium qui paraît inaccessible avec le règlement actuel. Pour ce faire, Günther Steiner renvoie la balle du côté de Liberty Media et de la FIA.

« C’est vrai, mais il ne s’agit pas que de Haas, il s’agit de tout le monde. Mais nous devons toujours nous rappeler que nous ne courons pas pour nous-mêmes, pas même pour Haas. Nous courons pour la F1. Si nous courions tout seul, personne ne nous regarderait. Il nous faut produire un spectacle satisfaisant pour les fans. C’est ce que nous voulons. Nous ne voulons pas que la F1 fasse ce que Haas décide. »

« Nous avons besoin que 10 équipes se mettent d’accord sur un plan cohérent. Nous ne serons pas tous d’accord [entre écuries]. Il faut que quelqu’un d’autre prenne une décision. Les autorités doivent le faire. Car il n’y aucune chance que nous tombions d’accord. La FIA et la FOM doivent arriver avec de bonnes idées. Je ne dirais même pas qu’elles doivent taper du poing sur la table. Elles doivent arriver avec quelque chose d’acceptable pour les manufacturiers. Ne me demandez pas ce que ce serait ce projet. Je ne suis pas le représentant de Liberty Media ! »

Haas pourrait en définitive se retrouver dans une situation inconfortable : l’écurie américaine souhaite que Liberty Media mette à exécution ses plans de budgets plafonnés… mais Ferrari, le principal partenaire technique de Haas, y est résolument opposée, au point d’agiter des menaces de retrait de la F1. Comment Günther Steiner pourra-t-il résoudre ce dilemme ?

« Selon moi, Ferrari ne remet pas en question ce qui se trame. Je pense qu’ils remettent en question le calendrier. C’est la même chose pour nous. Parce que les grandes écuries ont les mêmes problèmes que nous : ‘quand allons-nous devoir faire tout cela ? [ce que demande Liberty Media].’ Que nous soyons pour ou contre ces projets, c’est la même chose, parce qu’ensuite c’est aux écuries de prendre une décision sur leur avenir en F1. Si nous n’aimons pas les plans proposés par Liberty Media, peut-être que nous ferons quelque chose d’autre. Je ne sais pas. »

« Ferrari a besoin de savoir ce que sera le prochain grand plan pour la F1 pour prendre leur décision [pour savoir s’ils quittent la F1 ou non]. Mais bien sûr, ce sont de bons partenaires techniques pour nous, et s’ils quittent la F1, peut-être que nous devrons regarder comment nous pourrons nous débrouiller pour faire ce que nous voulons faire. »

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