Retour sur la saison 2007 : Interlagos

Räikkönen réussit l’impossible, fiasco chez McLaren

Par Emmanuel Touzot

21 janvier 2018 - 14:08
Retour sur la saison 2007 : Interlagos

Avec respectivement 17 et 12 points d’avance sur Kimi Räikkönen à deux courses de la fin de saison, et 20 unités à distribuer, Lewis Hamilton et Fernando Alonso s’attendaient à se disputer le titre l’un contre l’autre au Brésil. Mais c’était sans compter sur la ténacité du Finlandais qui gagnait en Chine alors que Hamilton abandonnait.

A la suite du week-end de Shanghai, les trois hommes arrivent avec sept points les séparant. La tâche s’annonce donc compliquée pour Kimi Räikkönen, tandis que la lutte fratricide entre les deux McLaren promet de passer au niveau maximal dans cette course où tout se décidera.

Ralf Schumacher dispute à Interlagos son dernier Grand Prix en carrière tandis que Kazuki Nakajima dispute sa première course, remplaçant au pied levé le jeune retraité, Alexander Wurz, qui n’a pas souhaité finir la saison.

La première séance d’essais du week-end se déroule sous la pluie et ce sont les Ferrari qui se mettent en avant en écrasant la concurrence emmenée par la Renault de Heikki Kovalainen. Lewis Hamilton est 5e à plus d’une seconde et demie, dans la première McLaren.

Les flèches d’argent se remettent de leurs émotions lors de la deuxième séance, disputée sur une piste séchante. Hamilton et Alonso signent les deux meilleurs temps devant les deux Ferrari, placées à trois dixièmes.

Le samedi matin, Alonso est en retrait tandis que les trois autres favoris, Massa devant Hamilton et Räikkönen, se tiennent en 132 millièmes. L’ordre de la hiérarchie est perturbé puisque l’on trouve une Red Bull, une Toyota et une Honda derrière les trois leaders.

La première partie des qualifications n’offre pas de surprise en fond de peloton puisque les deux Spyker et les deux Super Aguri sont éliminées, ainsi que Nakajima et Kovalainen, qui constitue la seule vraie déception de cette Q1. Celle-ci est dominée largement par Felipe Massa, six dixièmes devant Alonso.

Le meilleur temps de la Q2 revient à Kimi Räikkönen qui devance les deux McLaren et l’autre Ferrari. Webber et Kubica suivent de près les leaders tandis que les deux Honda et les deux Toro Rosso sont éliminées, tout comme Fisichella et Schumacher.

Des 10 pilotes s’affrontant en Q3, Felipe Massa est le seul à franchir la barre de la minute et douze seconde, ce qui lui offre la pole position. Il devance Lewis Hamilton sur la première ligne, tandis que ses deux rivaux pour le titre sont juste derrière, Räikkönen devant Alonso. Webber est encore le plus rapide des autres et signe le 5e temps.

Le scénario du début de course pouvait difficilement être pire pour McLaren puisqu’au départ, Räikkönen dépasse Hamilton et les deux Ferrari pointent en tête à la sortie des S de Senna. Alonso passe rapidement Hamilton, qui attaque son équipier en retour. Les deux hommes manquent de se toucher et Hamilton passe par l’herbe, de laquelle il ressort à la huitième place.

Plus loin dans le peloton, Barrichello écope d’une pénalité pour avoir anticipé son départ, Liuzzi repasse aux stands après avoir perdu son aileron avant, tandis que Fisichella et Yamamoto abandonnent après s’être accrochés.

Hamilton entame une remontée contrainte en passant Trulli pour la 7e place au second tour, puis Heidfeld pour la 6e, deux boucles plus tard. Malheureusement, sa boîte de vitesses lui joue des tours et il est obligé de remettre le système à zéro à même la piste. Après une trentaine de secondes au ralenti, il relance sa McLaren mais pointe alors 18e, ce qui met un gros coup d’arrêt à ses espoirs de titre.

Il gagne sept places lors des dix tours suivant pour pointer au 11e rang à la fin du quinzième tour, au moment où Mark Webber abandonne après un souci de transmission. La déception est grande pour l’Australien qui était 5e. Devant, les Ferrari s’envolent et possèdent plus de douze secondes d’avance sur Alonso.

Button abandonne au 20e tour sur une casse de son moteur Honda, au moment où débutent les arrêts aux stands. Massa et Kubica tentent une stratégie à trois arrêts et repartent légers en carburant. Räikkönen et Alonso, qui s’arrêtent au 22e tour, repartent en pneus durs et conservent leur choix d’une stratégie à deux arrêts. Hamilton, embourbé dans le peloton, prend le risque de miser sur un troisième arrêt.

Après la première salve d’arrêts, Massa mène pour trois secondes devant Räikkönen et près de vingt secondes devant Alonso. Hamilton ne pointe qu’au 13e rang avec un retard d’une cinquantaine de secondes.

Kubica dépasse Alonso pour la troisième place mais rentre peu de temps après pour le deuxième de ses trois arrêts. Nakajima rentre aux stands et percute deux mécaniciens qui, emmenés en ambulance, ne subiront aucune blessure grave.

Heikki Kovalainen voit sa course se terminer au 35e tour lorsqu’il sort de la piste dans les S de Senna et écrase sa Renault dans les pneus. C’est son premier abandon en carrière et il manque de peu l’accomplissement de terminer toutes les courses de sa première saison. Cinq tours plus tard, Rubens Barrichello voit lui aussi son moteur Honda partir en fumée (!), peu avant les arrêts aux stands.

Felipe Massa commet une erreur peu avant de rentrer et voit Räikkönen se rapprocher. Le Brésilien passe aux stands au 50e tour, suivi par son équipier deux tours plus tard, tandis qu’Alonso s’arrête une boucle après le Finlandais. Grâce à deux tours lors desquels il signe le record, Räikkönen ressort avec deux secondes d’avance sur Massa.

Pour la première fois, Räikkönen est virtuellement champion du monde. Hamilton s’arrête quatre tours après Alonso et repart 9e, avant de passer Coulthard pour la 8e place, peu après. Kubica est 3e mais s’arrête pour son dernier changement de gommes.

Les deux BMW et la Williams de Rosberg se livrent à une lutte sans merci. Heidfeld et Rosberg manquent de s’accrocher de peu, permettant à Kubica de les dépasser tous les deux pour la 4e place, peu avant que Rosberg ne repasse le Polonais.

Hamilton dépasse Trulli pour la 7e place mais avec Räikkönen en tête, c’est d’une 5e place qu’il a besoin pour être sacré. Pour ajouter à sa frustration, Hamilton prend un tour par les Ferrari.

Ces dernières ne forcent pas leur destin en fin de course et Räikkönen franchit la ligne d’arrivée en vainqueur et en champion du monde, une seconde et demie devant son équipier. Alonso est 3e devant Rosberg, les BMW, Hamilton et Trulli.

La Scuderia Ferrari et son pilote se feront une petite frayeur après la course, lorsque la Williams et les BMW sont sous enquête pour des irrégularités dans leur carburant. En cas de déclassement, Hamilton serait promu 4e et raflerait le titre.

La non-conformité n’étant pas prouvée, le classement reste le même et Räikkönen voit son titre confirmé dans la soirée. McLaren dépose un recours mais il sera débouté près de quatre semaines plus tard par la FIA. Hamilton révélera ne pas avoir voulu remporter le championnat de cette manière.

Ce qui semblait impossible a été réussi par Kimi Räikkönen. Le Finlandais pointait à 17 unités de Hamilton alors qu’il en restait 20 à distribuer. Non seulement, il a remporté les deux courses, ce qu’il avait la quasi obligation de faire, mais Hamilton et Alonso n’ont pas marqué les trois et neuf points qui leur auraient respectivement permis de rafler la couronne.

La saison se termine en fiasco pour McLaren qui perd le titre pilotes, n’est pas classée au championnat des constructeurs, et voit Fernando Alonso repartir chez Renault après une fin d’année remplie de conflits et de frustration.

Tout avait pourtant si bien commencé, avec plusieurs doublés en début de saison et une relation parfaite entre les pilotes jusqu’au conflit de la Hongrie, mal géré par les deux hommes et par la direction de l’équipe.

Chez Ferrari, on savoure le succès qui représente un nouveau départ, puisqu’il s’agit de la première saison de l’ère post-Schumacher, sans toutefois se douter que ce titre sera le dernier pour les 10 saisons à venir.

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