Ross Brawn : comment bien négocier un changement de règlement en F1

Avis aux écuries avant 2017…

Par Alexandre C.

7 décembre 2016 - 13:54
Ross Brawn : comment bien négocier (...)

Ross Brawn, ancien dirigeant de la Scuderia Ferrari et de Brawn GP, pourrait bientôt exercer des responsabilités éminentes au sein de la structure dirigeante de la F1. Alors que l’an prochain, la discipline fera l’expérience d’un grand changement aérodynamique, l’ingénieur de formation multiplie les interventions dans les médias. Il se confie au magazine Auto de la FIA.

Durant votre carrière en Formule 1, vous avez fait l’expérience de plusieurs changements majeurs de réglementation. Quelle est la clef pour maximiser cette opportunité ?

Je pense que la première chose à faire est d’être actif pour déterminer ces changements de réglementations, parce que les discussions sont toujours participatives, à moins qu’il y ait un problème de sécurité où vous avez tendance à trouver que les décisions sont prises de façon compréhensible pour votre intérêt. Normalement, s’il y a un changement significatif dans le règlement, la FIA, parfois avec le détenteur des droits commerciaux, dira : ‘Nous avons fait quelques changements parce que nous avons senti que la F1 va dans la mauvaise direction’, pour un certain nombre de raisons. Dans le passé, cette décision relevait de groupes de travail variés, qui étaient ensuite censées arriver avec leurs propositions. J’étais actif dans ces groupes de travail, et en étant impliqué dans la définition des nouvelles règles assez tôt, vous commencez à comprendre ce qu’on essaie de réussir et quelles sont les priorités.

Est-ce que ce processus est défini pour le bien de l’équipe qui veut un changement de réglementation, ou pour le bien du sport ? A quel point une écurie peut-elle être impartiale pour aider à participer à ce changement de règles ?

Je peux honnêtement dire que dans ce stade précoce de gestation des règles, j’étais totalement concentré pour atteindre les objectifs que l’on s’était fixés, parce qu’à ce stade, personne n’a vraiment un avantage ou un désavantage. Aussi longtemps que le règlement est prévu pour durer deux ou trois ans, ensuite, vous pouvez prendre un point de vue impartial de la perspective de votre équipe et regarder ce qui est bon pour la F1. Si l’on vous donne cette opportunité et que l’on vous dit qu’en deux ans ‘nous voulons atteindre ces objectifs, quel est le meilleur moyen pour y arriver ?’, que faites-vous ? Eh bien, ensuite, vous essayez de travailler de manière impartiale et d’atteindre ces objectifs. Donc j’étais toujours très impliqué pour m’assurer que je faisais partie de ce processus-là. Et quand il était achevé et que vous deviez peaufiner les règles, là commencent les interprétations du règlement, et vous devez ensuite clarifier le règlement sur ces points. Une fois que les règles sont assez solides, vous commencez à réunir les équipes techniques pour construire les voitures ou les moteurs, ou décidez ce que vous allez faire.

A quel point peut-on être machiavélique ? On dit que le diable se niche dans les détails… mais la victoire en F1 sans doute aussi ?

Vous devez être compétitifs, inévitablement. Une fois que vous avez commencé votre programme, une fois que vous avez commencé à réunir les équipes, vous voulez vous diriger dans une certaine direction, parce que vous êtes engagés dans telle ou telle direction. Si vous avez une interprétation du règlement dont vous sentez qu’elle va vous donner un avantage compétitif, alors vous allez essayer de poursuivre dans cette voie. C’est pourquoi la politique et d’autres éléments peuvent rentrer en jeu. J’ai toujours eu une conscience claire sur ce point parce que si je commençais le processus d’une manière totalement impartiale, une fois que nous étions rentrés dans cette autre phase, alors, je devais mettre mon autre casquette et dire : ‘Maintenant, je travaille juste pour l’équipe. Je dois trouver les meilleurs solutions pour mon équipe avec ce règlement.’. Quelqu’un ajouterait, et je le comprends, que vous ne pouvez jamais complètement séparer les deux, mais je pense que j’ai honnêtement essayé.

Avoir une vision globale pour ensuite rentrer dans les détails : telle serait donc la marche à suivre, n’est-ce pas ?

Exactement. Mais une fois que vous rentrez dans l’application concrète des règlements pour votre équipe, ensuite vous défendez votre pré-carré pour tirer tous les avantages possibles. L’autre chose intéressante à propos de ce processus, c’est si vous commencez assez tôt : alors vous serez la première équipe à rechercher les interprétations du règlement avec la FIA. C’est alors que vous avez un avantage parce que vous commencez à affiner vos arguments. Commencer tôt ce processus était important et nous avons trouvé quelque chose avec le moteur quand j’étais chez Mercedes. Nous avions commencé le projet du moteur très tôt [pour la saison 2014]. Avec les requêtes que nous faisions à la FIA pour avoir des clarifications, il était clair que nous étions les premiers à faire cela, donc nous pouvions commencer à débattre de ces différents éléments. Cela nous a aussi encouragés parce que nous savions que personne d’autre n’était en avance sur nous. C’est un processus qui implique beaucoup de monde. Ce que je faisais toujours, c’était mettre une petite équipe sur ce projet tôt, pour qu’ils explorent des domaines afin de comprendre quelle sorte d’équipe vous avez besoin de mettre en place pour faire les choses proprement.

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