Quand McLaren verra-t-elle le bout du tunnel ?

La situation de l’équipe semble toujours compliquée

Par Emmanuel Touzot

28 février 2016 - 18:10
Quand McLaren verra-t-elle le bout (…)

Il est toujours difficile de tirer des conclusions après des essais privés, et surtout après quatre petites journées, mais il y a des signes qui ne trompent pas. En dépit des sourires de façade de la part de Fernando Alonso, Jenson Button et Eric Boullier, les trois tours accomplis par McLaren le dernier jour de la première semaine et le remplacement de Yasuhisa Arai à la tête de Honda F1 en marge du début de saison ne sont pas des signaux positifs.

Les rumeurs sur le retour du bloc moteur Honda de 2015 dans la MP4-31 n’étaient pas fondées, et bien que la fiabilité semble améliorée par rapport à l’année dernière, le capital kilomètres de la nouvelle monoplace de Woking est resté peu élevé par rapport aux autres équipes. Après deux journées productives, l’équipe anglaise s’est retrouvée embourbée dans des problèmes surgis sans prévenir.

Et bien qu’on ait pu lire jeudi après-midi sur le compte Twitter de McLaren que l’équipe était sur le pied de guerre pour tenter de reprendre la piste, des images provenant des garages ont montré que ce n’était pas le cas, et alors qu’il aurait fallu changer le bloc en entier, l’équipe ne disposait pas d’un deuxième exemplaire. Elle a d’ores et déjà annoncé que le bloc propulseur utilisé lors de la deuxième semaine serait une évolution du premier qui n’a pourtant pas ébloui par sa fiabilité.

Une passivité qu’on ne connaissait pas

Cette communication floue est symptomatique chez McLaren depuis quelques années, et encore plus présente et problématique depuis le partenariat entamé avec le constructeur japonais. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, et on pourrait presque y croire sans les accès de dépit de Fernando Alonso et sans des résultats qui sont en train de plonger l’équipe de Ron Dennis dans sa pire crise depuis plus de vingt ans.

Les problèmes sont multiples et l’absence de réactivité est parfois ahurissante pour une équipe qui a une telle expérience de la Formule 1. Il aura fallu une saison d’humiliation et d’obstination de la part de Yasuhisa Arai pour en arriver à le débarquer et à recruter des ingénieurs extérieurs à la culture japonaise et parfois obtuse de Honda.

Ces recrutements effectués, il est toutefois difficile de prédire à quel moment leur effet se fera ressentir sur les performances de la MP4-31 et de son moteur, puisque la saison 2016 est déjà lancée sur le plan technique. Les développements plus libres sur le plan des moteurs pourraient accélérer ce processus, mais le retard pris ne sera-t-il pas trop important ?

Une deuxième saison dans la veine de 2015 aurait sûrement raison de la motivation d’un duo de pilotes qui a eu l’habitude de courir pour la victoire. Et une fois ces pilotes partis, car ils partiront, comment McLaren pourra prétendre recruter des pilotes de haut calibre en étant au fond du gouffre et en n’ayant plus aucun attrait ?

C’est là que réside la complexité de sa situation car plus les problèmes s’installent en nombre, plus la tendance sera difficile à inverser. Il faut garder à l’esprit que la dernière victoire de McLaren remonte à fin 2012 et que depuis, on n’a revu un de ses pilotes sur le podium qu’à une seule reprise.

Que faire à Woking ?

Envisager un changement de moteur doit être une solution tentante, mais pour s’allier à qui ? Impossible d’imaginer une McLaren-Ferrari, peu probable de refaire un pas en arrière et revenir chez Mercedes qui équipe déjà quatre structures... reste Renault, mais le constructeur français a déjà fort à faire entre une écurie d’usine à rebâtir et une équipe Red Bull capricieuse à fournir.

McLaren jouit avec Honda d’un statut d’équipe quasi officielle et abandonner ce privilège n’est pas une décision facile à prendre, d’autant que Honda n’a cessé d’affirmer que les progrès arriveraient. Des progrès qui seront sûrement visibles en 2016 mais soumis à une concurrence plus féroce car Manor fait un pas en avant évident et la F1 découvre avec intérêt les performances prometteuses de la nouvelle équipe Haas.

Cette situation n’est pas sans rappeler la situation dans laquelle se trouvait McLaren au début des années 90 quand l’équipe avait collaboré avec quatre motoristes en cinq saisons. C’est finalement la collaboration avec Mercedes et l’arrivée d’Adrian Newey qui avaient débloqué la situation.

Une chose est certaine, si la saison à venir ne représente pas un vrai pas en avant, la crise s’installera pour de bon car sans résultats, plus de bons pilotes, sans bons pilotes, pas d’investisseurs ni de sponsors et sans rien de tout cela, la convalescence s’annoncera très longue.

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