Officiel : La FIA rejette la plainte d’Aston Martin F1 et confirme le résultat des qualifs

Une question de bon sens avant tout même si un flou demeure

Par Franck Drui

20 avril 2024 - 15:31
Officiel : La FIA rejette la plainte

La FIA a pris la décision de rejeter la protestation formulée par Aston Martin F1 contre le résultat des qualifications.

L’Article 39.6 du Règlement Sportif, que cite Aston Martin, est formulé ainsi : "Tout pilote dont la voiture s’arrête sur la piste pendant la séance de qualification ou le Sprint Shootout ne sera plus autorisé à participer à cette séance."

Aston Martin F1 a porté réclamation concernant le résultat de la qualification car le pilote Ferrari a eu son accident et s’est retrouvé immobilisé en piste. Le tableau d’affichage a indiqué STOP, mais Sainz est reparti après, sans aide des commissaires et dans un délai raisonnable, ce qui lui permet, grâce à l’usage, de ne pas être disqualifié par la FIA.

Hier, lors de la qualif Sprint, il était arrivé une mésaventure similaire à Charles Leclerc, qui n’avait pas immobilisé sa voiture assez longtemps pour que la direction de course le marque comme arrêté.

Aston Martin voulu jouer sur ce point précis, en signifiant que le mot "arrêté" dans le point de règlement était trop peu clair. De nouveau, le manque de rigueur du règlement, que la FIA promet de récrire depuis 2021, a posé problème à deux reprises aujourd’hui.

La pénalité infligée à Fernando Alonso pour sa lutte avec Carlos Sainz, qui a été de 10 secondes et trois points sur le permis, a été réfléchie à cause d’un vide juridique concernant ces situations, comme l’a confirmé la FIA.

La décision des commissaires sportifs :

Nous avons entendu Aston, les autres team managers présents à l’audience et les délégués de la FIA et avons pris la décision suivante concernant la protestation :

a. Il est clair que le langage de l’art. 39.6 suggère que tant qu’une voiture « s’arrête » sur la piste pendant une séance de qualification, cette voiture ne devrait pas être autorisée à participer davantage à la session.

b. Il ressort cependant des exemples cités par certains des chefs d’équipe présents et la FIA, que ce n’était pas ainsi que cette règle était appliquée par les équipes et la FIA dans le passé.

c. L’équipe de la FIA a expliqué que tant que la voiture était capable de redémarrer et de continuer à partir d’une position arrêtée dans un délai raisonnable, c’est normalement permis. Le temps typique est d’environ 30 secondes, bien que cela varie en fonction des circonstances. Les équipes elles-mêmes ont déclaré qu’elles avaient déjà tenté de se mettre d’accord sur ce qu’elles considéraient comme un un délai raisonnable avant qu’un véhicule soit considéré comme « arrêté ». Malheureusement, elles n’ont pas pu parvenir à un accord final sur le délai maximum imparti.

d. Pour la FIA, ce qui était crucial était que la voiture ne reçoive aucune aide extérieure afin de redémarrer (par exemple grâce aux commissaires).

e. Aston a également admis qu’il y avait eu des exemples antérieurs de voitures s’arrêtant sur la piste et étant autorisées à poursuivre, malgré le libellé clair de l’article 39.6. Cependant, ils ont estimé qu’en s’arrêtant, dans ce cas, pendant 1 minute et 17 secondes, c’était trop long et cela n’aurait donc pas dû être permis.

f. La question est alors devenue une question de durée : 1 minute 17 secondes, est-ce trop long ?

g. En l’absence d’indications claires dans la réglementation ou d’une pratique établie et convenue concernant les périodes trop longues, nous avons considéré que c’était une décision qu’il valait mieux laisser à la direction de course.

h. Nous avons considéré des exemples au Canada, à Monaco et à Bakou où les voitures s’étaient « arrêtées » (et aurait donc violé l’article 39.6) mais ont été autorisés à continuer et à participer davantage à la séance, sans plainte des équipes.

i. Aston a également fait valoir que le fait que le système de messagerie suggérait que la voiture était « arrêtée » concluant à ce fait pour l’article 39.6. La direction de course a précisé que le langage était le langage standard utilisé dans le système et ne transmettait donc pas un état réglementaire. En effet, on a vu un exemple d’Alexander Albon à Montréal en 2022 où il était arrêté pendant une quarantaine de secondes et redémarré sans plainte d’aucune équipe alors que le système de messagerie a également montré que la voiture s’était « arrêtée ». Nous ne pensons donc pas que le système de messagerie indiquait une décision de la part de la direction de course aux fins de l’article 39.6.

j. Il existait donc une tendance claire dans la pratique passée du sport selon laquelle cette règle était interprétée pour permettre à une voiture de redémarrer et de continuer, tant qu’elle n’a pas reçu d’aide extérieure pour le faire.

k. Nous avons également vu le procès-verbal de la réunion de la commission Formule 1 qui s’est tenue à Spa en Belgique le 28 juillet 2023, où l’article 39.6 a été spécifiquement discuté. La conclusion atteinte à cette réunion semblait être, entre autres choses, celle-ci : "Il a été convenu d’ajouter « assistance extérieure » à l’article 39.6"

l. Nous avons été informés que la modification ci-dessus apportée à l’article 39.6 n’avait en fait pas été effectuée, nous n’avons donc pas pu nous appuyer sur ces procès-verbaux, au-delà du fait qu’il semblait y avoir un accord au moins entre ceux qui assistaient à cette réunion ce jour-là et que cela était cohérent avec l’approche adoptée par la direction de course aujourd’hui.

m. Dans les circonstances ci-dessus, compte tenu des nombreux exemples où des voitures s’étaient arrêtées pendant des durées différentes et ont été autorisées à redémarrer et à continuer de participer dans la séance concernée, nous avons considéré que la décision prise par la Direction de Course n’était pas incompatible avec la pratique passée ni contraire à l’article 39.6.

n. Nous avons considéré que même si le libellé simple de l’article 39.6 justifiait une sanction plus sévère, la pratique constante de ce sport à ce jour ne justifiait pas la remise en question de la direction de course par les commissaires sportifs.

Nous avons donc rejeté la protestation.

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